George Orwell by La ferme des animaux

George Orwell by La ferme des animaux

Auteur:La ferme des animaux [animaux, La ferme des]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2020-11-08T21:33:36+00:00


CHAPITRE VII

Ce fut un hiver rigoureux : orages, puis neige fondue et neige, enfin un épisode de gel intense qui ne s’acheva que dans le courant de février. Les animaux poursuivaient la construction du moulin du mieux qu’ils pouvaient, bien conscients que le monde extérieur les observait et que les humains envieux ne manqueraient pas de crier victoire si le moulin n’était pas achevé dans les délais prévus.

Les humains, par pure malveillance, affectaient de ne pas croire que Boule-de-Neige était l’auteur du forfait. Ils disaient que le moulin s’était effondré parce que ses murs étaient trop minces. Les animaux savaient qu’il n’en était rien. On décida cependant de monter cette fois des murs de trois pieds d’épaisseur, au lieu de dix-huit pouces précédemment, ce qui impliquait que l’on pût disposer de quantités de pierre bien plus importantes. Longtemps, la neige amoncelée dans la carrière fut telle qu’on ne put rien faire. Pendant la période glaciale qui suivit, où le temps fut sec, on progressa quelque peu, mais la tâche était terriblement pénible, et les animaux n’avaient plus le cœur à l’ouvrage comme autrefois. Ils souffraient tout le temps du froid, et aussi de la faim. Seuls Hercule et Fleur-de-Trèfle gardaient courage. Beau-Parleur faisait de magnifiques discours sur les joies du service et la dignité du travail, mais les autres trouvaient davantage de stimulation à contempler la force d’Hercule et à entendre son immuable devise : « Je vais redoubler d’efforts ! »

En janvier, la nourriture vint à manquer. Les rations de blé furent drastiquement réduites, et il fut annoncé qu’une portion supplémentaire de pommes de terre serait distribuée à titre de compensation. On s’aperçut alors que la plus grande partie de la récolte de pommes de terre avait gelé dans les silos, insuffisamment protégée du froid. Les pommes de terre étaient molles et décolorées, et quelques-unes seulement étaient mangeables. Pendant des jours, les animaux n’eurent rien d’autre à manger que de la balle et des betteraves fourragères. Ils semblaient bel et bien au bord de la famine.

Il était d’une importance vitale de cacher cet état de choses au monde extérieur. Enhardis par l’effondrement du moulin à vent, les humains inventaient de nouvelles fables sur la Ferme des animaux. Une fois de plus, on faisait circuler le bruit que les animaux mouraient de faim et de maladie, qu’ils ne cessaient de se battre entre eux, qu’ils s’entre-dévoraient et tuaient leurs petits. Napoléon était bien conscient des effets funestes qu’entraînerait la découverte de la réalité de la situation alimentaire. Aussi décida-t-il d’utiliser Mr. Whymper pour propager l’impression contraire. Jusqu’alors, les animaux n’avaient eu que peu de contacts, voire aucun, avec Mr. Whymper lors de ses visites hebdomadaires ; dorénavant, certaines bêtes bien choisies, surtout des moutons, reçurent l’ordre de mentionner comme par hasard, lorsqu’il était à portée d’oreille, que les rations avaient été augmentées. De plus, Napoléon ordonna de remplir de sable presque à ras bord les coffres à peu près vides de la resserre, que l’on recouvrit ensuite de ce qui restait de grains et de farine.



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